
La Presse — La douzième session du dialogue économique entre la Tunisie et l’Union européenne s’est tenue récemment à Tunis, en présence de représentants des principales institutions économiques tunisiennes et européennes. Une rencontre qui a permis, selon le communiqué de presse du ministère de l’Economie, d’échanger sur les indicateurs économiques, les politiques budgétaires et monétaires, dans une optique de partenariat équilibré et aligné sur les priorités communes.
Les relations entre l’Union européenne et la Tunisie sont constantes depuis 1969, année où la Tunisie est devenue le tout premier pays du sud de la Méditerranée à signer un accord commercial avec ce qui était alors appelé la « Communauté économique européenne (CEE) ».
Mais le grand pas a été franchi en 1995 avec l’accord d’association avec l’UE, d’ailleurs toujours en vigueur encore aujourd’hui, même si les deux parties voudraient le voir évoluer. Par ailleurs, le bilan de l’accord n’a pas toujours été perçu comme pleinement équilibré, selon certains experts et ONG, même si, au fond, aucun bilan officiel de cet accord n’a été fait.
De l’autre côté de la rive, les Européens soutiennent que cet accord a permis la modernisation de l’économie tunisienne et a favorisé l’attraction des IDE, ce qui a intégré les entreprises tunisiennes dans la chaîne de valeur européenne.
Quoi qu’il en soit, l’Union européenne est aujourd’hui le premier partenaire commercial et investisseur étranger en Tunisie. En 2025, l’Union européenne est le débouché d’à peu près 70 % des exportations tunisiennes. Ainsi, selon les données de l’Institut national de la statistique, au premier semestre 2025, la valeur des exportations tunisiennes vers l’UE a atteint 22.348,9 millions de dinars (environ 6,6 milliards d’euros), contre 22.332,6 millions de dinars pour la même période en 2024.
Côté Investissements étrangers directs (IDE), là aussi l’UE reste également le premier investisseur étranger en Tunisie, avec même une progression de 25,6% des IDE entre le premier trimestre 2024 et le premier trimestre 2025.
Mais ces chiffres ne cachent que partiellement les crispations entre les deux parties, alors que depuis 2015, l’Union européenne cherche à faire signer à la Tunisie un Accord de libre-échange complet et approfondi (Aleca). Mais depuis, rien n’a véritablement été acté, car ce nouvel accord ne devra pas être au désavantage de la Tunisie, et les négociateurs tunisiens semblent mettre un point d’honneur à défendre cela. Si, officiellement, les négociations ne sont pas rompues, dans les faits ils sont presque au point mort, et aucun nouveau round de négociations n’a été officiellement annoncé, alors que revenir aujourd’hui sur les limites de cet accord constitue un point de départ pour mieux le réinventer.
Lorsque les négociations étaient encore à l’ordre du jour, plusieurs points d’achoppement ont bloqué les négociations, notamment, du côté tunisien, des craintes autour du secteur agricole et celui des services, étant donné que ces secteurs sont jugés « vulnérables ». Mais, depuis les premiers rounds, beaucoup de choses ont changé, avec une seule constante, l’attachement de la Tunisie à sa souveraineté économique et une aspiration à une négociation « d’égal à égal ».